Philosophie antique et patristique
                    Responsable : Isabelle Moulin
Le rapport de la philosophie et de la théologie s’exprime de manière originale chez les Pères. Héritiers de la tradition antique de la définition de la philosophie, qui en fait l’équivalent d’une sagesse et précédant la conception de la théologie comme une discipline constituée, les Pères construisent le rapport entre philosophie et christianisme en fonction de leur interprétation des Écritures. Mes recherches visent à dégager des paradigmes de la conception de la philosophie chez les Pères, en particulier dans la tradition grecque. Cet axe vient également en appui à mon investissement en histoire de la philosophie médiévale et en esthétique.

Histoire de la philosophie médiévale
                         Responsables : Isabelle Moulin et Isabel Iribarren
 

La théologie philosophique d’Albert le Grand
                         Responsable : Isabelle Moulin
Dans le cadre de la chaire internationale Albert le Grand (soutenue par S. Milazzo et I. Moulin). En tenant compte des sources antiques arabes et juives, la mise en œuvre du rapport de la théologie et de la philosophie chez Albert le Grand (XIIIe s.) offre des solutions originales, non seulement au regard des théologiens de son temps, mais également pour une réflexion théologique plus contemporaine. Mes travaux visent à dégager dans un premier temps la méthode de théologie philosophique chez Albert et ses enjeux, pour ensuite les appliquer aux dogmes, en particulier le rapport Trinité et création.

 

Femmes visionnaires et expériences mystiques tardo-médiévales
                        Responsable : Isabel Iribarren
Alors que les études consacrées aux récits visionnaires s’intéressent principalement aux enjeux langagiers du discours apophatique, mes travaux examinent plutôt les conventions qui régissent la construction de la connaissance expérientielle des visionnaires tardo-médiévales, ainsi que les modèles d’intelligibilité mobilisés dans la construction du « fait révélé » comme catégorie épistémologique fondamentale du programme à la fois politique et religieux des visionnaires. À travers l’analyse de certains cas d’étude précis (Catherine de Sienne, Brigitte de Suède, Angèle de Foligno…), il s’agit également d’examiner l’apport des experts théologiens dans la mise en forme discursive d’une connaissance expérientielle et dans son évaluation. En effet, la doctrine du discernement (discretio spirituum) fait l’objet d’une codification croissante au Moyen Âge, visant à établir des critères selon lesquels l’on pouvait évaluer l’authenticité d’une expérience intérieure dans l’analyse circonstanciée au cas par cas.

Conscience et contestation. Les origines médiévales de la conscience morale
                            Responsable : Isabel Iribarren
Fruit d’une collaboration franco-britannique mise en place en 2022, ce projet examine le rôle de la conscience individuelle comme lieu et principe d’opposition à l’autorité instituée à la fin du Moyen Âge. Il s’agit par-là d’interroger la mise en place des conditions de possibilité intellectuelles et sociales de l’apparition de l’autonomie morale, qui joue un rôle structurant dans notre société pour comprendre les rapports entre individu et institution. Ma contribution examine le traitement fait par Jean Gerson des cas de scrupules moraux excessifs dans une non formata conscientia - une formule canonique qu'il utilise dans ses écrits sur la guidance spirituelle pour qualifier la conscience d'un individu qui ne détient pas toute la connaissance des faits ou des arguments qui pourraient soutenir une ligne d'action. La question sous-jacente concerne la tension inhérente à une déposition obligatoire de la conscience entre la liberté d’auto-législation (impliquant la conscience de l'agent) et la primauté de l’autorité, selon laquelle l’individu suspend son jugement pour suivre l’opinion d’une « personne qualifiée ».

 

Métaphysique et esthétique
                              Responsable : Isabelle Moulin
L’axe de recherche vise à réinterroger le concept de métaphysique, que certains souhaitent abandonner, pour dégager une nouvelle dimension de la métaphysique qui ne serait pas réduite à l’ontologie traditionnelle. Le terme d’esthétique est impropre, mais commode. Mes recherches se développent selon 5 perspectives : 1. Un repositionnement de la métaphysique 2. L’importance de l’expérience de l’art dans la dimension « nouménale » 3. L’esthétique comme discipline relationnelle entre la philosophie et la théologie (dimension interdisciplinaire) 4. Pluri-dimensionnalité de l’esthétique 5. Relation de la métaphysique du beau et des divers contextes historiques et géographiques, avec une insistance particulière sur le courant du néoplatonisme et de la philosophie du spiritualisme français, dans son acception large.

 

Anthropologie phénoménologique
                                 Responsable : Émilie Tardivel et Laurence Bur
 

Anthropologie phénoménologique et théologique
                                 Responsable : Émilie Tardivel
Après avoir montré, dans La liberté au principe. Essai sur la philosophie de Patočka (Vrin, 2011), que la liberté n’est pas la propriété d’un sujet qui procède de lui-même, mais l’essence d’un sujet qui s’advient comme lui-même à partir d’un monde qui le précède, ma recherche se focalise désormais sur le monde. Au-delà de la comparaison du philosophe tchèque avec ses prédécesseurs (Husserl, Heidegger) et contemporains (Levinas, Fink, Sartre, Merleau-Ponty, Arendt), je confronte la manière dont Patočka conçoit le monde avec la phénoménologie de la donation de Jean-Luc Marion, où ce thème n’avait pas reçu jusqu’à récemment de traitement philosophique spécifique, contrairement aux deux autres thèmes de la métaphysique spéciale que sont l’ego et Dieu. J’ai publié de nombreux articles sur le sujet ces dix dernières années et écrit actuellement un livre dont l’enjeu est de montrer que les concepts de la phénoménologie de la donation (le donné, l’adonné et la redondance du don à partir du donataire) ne sont pas des catégories anachroniques, quand ils sont appliqués aux thèmes de Patočka (le monde, le sujet et le sacrifice), mais constituent au contraire des clés herméneutiques, attestant à la fois l’originalité et les potentialités théologiques de son anthropologie phénoménologique.

 

Anthropologie philosophique chez Edith Stein
                                  Responsable : Laurence Bur
Le projet steinien d’un dialogue entre phénoménologie et métaphysique a été particulièrement fécond dans le domaine de l’anthropologie philosophique, qu’elle accompagne à partir des années trente d’une anthropologie théologique. Mes recherches ont pour objectif de mettre en évidence l’envergure philosophique de l’anthropologie steinienne, élaborée à l’aide de sa compréhension originale de la méthode phénoménologique, dans l’ouverture à la révélation, du fait de son double enracinement juif et chrétien, et animée d’une réflexion politique profonde, la rendant précocement lucide sur la barbarie nazie. Il s’agit de montrer que Stein offre ainsi, comme par anticipation, dès les années trente, une alternative pertinente à vision de « l’homme » qui s’imposera à partir de la seconde moitié du XXe siècle, placée sous le signe de la déconstruction.
 

Philosophie morale et politique
                                    Responsable : Émilie Tardivel
 

Le théologico-politique
Le théologico-politique : Invention du XVIIe siècle, le théologico-politique constitue le paradigme de la philosophie politique moderne. De Hobbes à Spinoza, il s’affirme en imposant, en deçà de divergences secondaires, une même conception du bien commun, où s’articulent de manière originale et problématique ses deux significations, théologique et politique. Cette conception théologico-politique du bien commun rompt avec la manière dont le rapport entre Dieu et la Cité était auparavant conçu, mais elle ne vient pas de nulle part. En revenant à saint Augustin et saint Thomas, ma recherche consiste à écrire une généalogie du bien commun de saint Augustin à Spinoza dans une double perspective : discerner la provenance et les apories de cette rupture moderne et repenser le bien commun au-delà du théologico-politique. Après avoir publié de nombreux articles sur le sujet ces dix dernières années, cette recherche s’achèvera en 2026-2027 avec la publication d’un inédit, qui sera présenté dans le cadre de l’habilitation à diriger des recherches, et donnera lieu à une nouvelle recherche, qui sera consacrée cette fois-ci à la pensée politique et économique des Pères de l’Église, dans le sillage notamment de mon essai qui s’intitule : Tout pouvoir vient de Dieu. Un paradoxe chrétien (Ad Solem, 2015).
 

Éthique économique et sociale
Dans le sillage des travaux théoriques et pratiques réalisés au sein de la Chaire ICP-ESSEC Entreprises et Bien Commun dont j’ai été titulaire de 2021 à 2025, ma recherche consiste à la fois à historiciser les notions de développement durable et de responsabilité sociale, actualiser leurs enjeux (vigilance, raison d’être, mission, gouvernance des communs, dynamique des territoires…) et proposer une réflexion critique, mobilisant des concepts fondamentaux de la philosophie, de la théologie morale et de l’éthique sociale (dignité, solidarité, subsidiarité, participation, destination universelle des biens…), afin de construire un nouveau cadre de pensée et d’action pour les organisations sur le fondement de la notion de bien commun. Cette recherche sera finalisée par un livre, qui sera sans doute publié à l’horizon 2027-2028.

Edith Stein
                        Responsable : Laurence Bur
Histoire de la phénoménologie réaliste (cercle de Göttingen)
Histoire de la phénoménologie réaliste (cercle de Göttingen). Alors que le courant phénoménologique a été dominé au XXème siècle par la figure de Martin Heidegger, mes travaux visent à montrer qu’une vision adéquate de la phénoménologie suppose de tenir compte de la voie originale, « réaliste », suivie par les premiers disciples de Husserl. À partir de la philosophie d’Edith Stein, représentante éminente du cercle de Göttingen, il s’agit d’examiner la possibilité épistémologique d’une phénoménologie se disant réaliste et sa fécondité pour le dialogue entre phénoménologie et métaphysique. Ces recherches demandent à être étendues à d’autres membres du cercle de Göttingen, notamment Adolf Reinach, Dietrich von Hildebrand, Roman Ingarden ou Hedwig Conrad-Martius, encore peu connus dans le paysage de la phénoménologie francophone.
 

Philosophie de la spiritualité
Philosophie de la spiritualité. Le cheminement intellectuel et existentiel de Stein la conduit à accorder une place de plus en plus importante dans ses œuvres à la description phénoménologique des vécus religieux. Dans ses derniers travaux, notamment à travers son examen philosophique des écrits de Thérèse d’Avila et Jean de la Croix, elle élabore ce que l’on peut appeler une philosophie de la spiritualité, à savoir une philosophie phénoménologique de l’expérience spirituelle propre à la vie chrétienne. Mes recherches visent à montrer la fécondité de cette approche tout à la fois pour la philosophie, dont Stein estime qu’elle ne peut ignorer l’apport de l’analyse des vécus religieux, et pour l’univers de l’expérience spirituelle chrétienne, dont Stein est convaincue qu’elle ne peut se déployer dans l’indifférence à l’élaboration conceptuelle rationnelle.


 Traduction des œuvres d’Edith Stein
Traduction des œuvres d’Edith Stein. Alors que les œuvres complètes de Stein sont disponibles depuis plusieurs années en anglais, espagnol et italien, peu de ses textes sont traduits en français. Face à ce manque est né en 2022 au sein du Groupe de Recherche Steinien (Paris, Bernardins), dont je fais partie depuis 2014, un projet de traduction française des œuvres de Stein. Je codirige ce travail de traduction avec Sophie Binggeli depuis 2022. Nous achevons actuellement la traduction du volume d’anthropologie théologique de Stein (Was ist der Mensch ?). Parallèlement à ce travail collectif, je mène un travail personnel de traduction des textes philosophiques dans lesquels Stein expose la méthode phénoménologique telle qu’elle l’a comprise.